Voilà un mot qui fait peur à tout parent qui a un enfant scolarisé en âge de lire et d’écrire et qui rencontre des difficultés.
Rassurez-vous ou pas : ce mot effraie aussi les enseignants dès qu’ils l’entendent!
Je vais essayer de vous éclairer un peu sur la question.

(credit photo : pixabay, Bru-nO)

A/ Qu’est-ce que la dyslexie ?

Si je me réfère aux définitions parues dans wikipédia, dys-positif et sur le site de la FFDYS (Fédération Française des Dyslexiques), derrière ce mot, se cache un trouble spécifique de l’apprentissage du langage écrit.

Il affecte par conséquent l’apprentissage et l’automatisation de la lecture souvent associé à un trouble de l’écriture (dysorthographie).

Reconnu comme handicap par l’OMS depuis 1993, la dyslexie touche environ 5 à 10% des enfants scolarisés dont ¾ de garçons.

On ne connaît pas à ce stade de la recherche en sciences cognitives les causes réelles de la dyslexie.

Les origines sont certainement multifactorielles : génétiques, neurologiques, …
Les neurosciences avancent malgré tout quelques hypothèses en s’appuyant en particulier sur l’imagerie médicale : les aires du cerveau dédiées au langage dans le lobe gauche seraient moins actives mais à l’opposé plus actives dans le lobe droit.

Je ne développerai pas davantage ce point car de nombreuses recherches, trop techniques pour mon niveau d’appréciation et de compréhension, sont en cours.

En outre, de nombreux résultats paraissent tous les ans faisant évoluer rapidement la connaissance de cette pathologie.

(Credit : wikimedia, Auteur : Anatomographie)

B/ Comment se manifeste-t-elle ?

Chez les enfants atteints, l’apprentissage de la lecture est beaucoup plus complexe pour plusieurs raisons :

• Ils éprouvent une plus grande difficulté à identifier les mots dans un texte, les segmenter en syllabes pour apprendre à les lire : la lecture est de fait beaucoup plus lente et hachée.
  Leur degré d’anticipation est faible, voire nulle.

Vous, en tant qu’adultes, lorsque vous lisez un mot, votre regard est déjà porté sur la suite du texte, cela rend votre lecture fluide, vous ne décomposez plus en syllabes, vous avez développé une capacité d’anticipation importante.

C’est l’étape que doit atteindre en finalité un enfant au cours de son apprentissage : ce sont des compétences de haut niveau et ce n’est pas simple de les construire : on parle en années d’apprentissage.

Alors imaginez pour le dyslexique.

*(crédit photo : Pixabay, Geralt) *

Petite expérience :

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En gros, vous venez de voir comme un dyslexique.
Avez-vous réussi à lire ce message ?

Normalement oui, car vos années d’entraînement de français, vous ont aidé à anticiper le texte et à la limite, il suffit que la première et la dernière lettre soient bien placées pour que vous puissiez déchiffrer le texte.
C’est ce type de compétence que le dyslexique ne construit pas, lentement ou mal.

• La lenteur exagérée du déchiffrage entraîne une perte de compréhension de ce qui est déchiffré. Ceci est amplifié par la surcharge « cognitive » liée au déchiffrage.
  La fatigue mentale est telle qu’il se perd et se décourage.

• Bien entendu, l’orthographe devient, dès lors, très aléatoire, secondaire et les difficultés éprouvées en lecture se répercutent dans de nombreuses matières puisque la lecture est l’activité transversale par excellence : elle est nécessaire dans tous les domaines de l’écrit.

Sur le long terme, si rien n’est fait, la difficulté scolaire s’installe dans toutes les matières scolaires malgré les efforts incommensurables fournis par l’enfant.

Le goût d’apprendre, de lire est affecté. Toute situation de la vie quotidienne liée à l’écrit est mal vécue. Mais, selon moi, le pire c’est la dégradation de l’estime de soi et le glissement vers une sorte d’état dépressif.

Malheureusement, un enfant est rarement uniquement dyslexique.

Et, souvent à la dyslexie sont associées des troubles connexes :

• La dysorthographie : l’incapacité à transcrire les sons et à maîtriser l’orthographe.
• La dyscalculie : trouble de la maîtrise des nombres et du raisonnement logique.
• La dysphasie : trouble du langage et de la parole

C/ Quelles sont les prises en charge, les adaptations possibles ?

Les familles sont souvent démunies et en souffrance face à ces difficultés. Les enseignants font ce qu’ils peuvent et même s’ils sont sensibilisés depuis quelques années au dépistage, la formation à la prise en charge d’un élève dyslexique est encore incomplète et en construction.

Seul un travail d’équipe peut aider un enfant dys à sortir de la spirale de l’échec et à développer des capacités d’adaptation et non de guérison : On est dyslexique toute sa vie.

Le médecin a un rôle central car c’est lui qui va diriger la famille vers un centre de dépistage comme celui de l’hôpital Kremlin-Bicêtre en région parisienne.

Un pôle de spécialistes : pédiatre, neuropédiatre, psychologue, orthophoniste, psychomotricienne dressera un portrait de l’enfant et de ses besoins.

Les dyslexiques ont besoin de rééducation orthophonique parfois de psychomotricité et surtout d’aménagement parfois simples mais pas simplistes bien sûr lors de leur scolarité.

L’orthophoniste travaillera essentiellement sur la maîtrise du langage oral et écrit en réalisant un travail important en phonologie (branche de la linguistique qui étudie le fonctionnement des sons dans une langue).

L’enseignant peut aménager simplement matériellement ses cours pour tenir compte du handicap de l’enfant en plus de la vigilance qu’il doit fournir à ce type de profil :

• agrandissement,

• aménagement de la taille de la police, choix de la police d’un texte facilitant la lecture en évitant les confusions de lettres

Exemple : la police d’écriture : OpenDyslexic

(credit photo : wikimedia, Editeur de Wikimedia)

• réduction de la quantité d’écrit demandée

Je vous renvoie vers ce lien de l’académie de Paris qui vous présente les principales recommandations aux enseignants :
Recommandations pour aider les dyslexiques

Le logiciel Dys-Vocal est génial pour aider ce type d’élève. Il permet de mettre en évidence les syllabes (alternance rouge/bleu) et grise les lettres muettes. Il a fonction lecture qui lit le texte pour l’enfant lorsqu’il en ressent le besoin.

(credit photo : duke77)

Voici le lien pour en savoir plus : Dys-Vocal

Le milieu associatif est d’un secours précieux, je vous renvoie ver l’excellent blog : Fantadys qui est une source de conseils pour les parents.

D/Pourquoi ai-je fait référence à un boite de nuit ?

Après tous ces explications, j’en viens enfin au fait.

C’est en lisant un article dans Le Parisien paru le 17 octobre 2017 que j’ai appris que deux chercheurs de l’Université de Rennes ont découvert que l’une des causes de la dyslexie serait d’origine oculaire : c’est-à-dire liée à un défaut dans la tache de Maxwell, zone de la rétine chargée de récepteurs de lumière.

En principe, cette partie de l’anatomie de notre œil est diffère d’un œil à l’autre, ce ne serait pas le cas pour les dyslexiques pour lesquelles elles seraient symétriques.

• (credit photo : wikimedia, auteur : Talos colorisé par Jakov)*

Nous avons tous un œil directeur. Cette anomalie priverait le cerveau d’œil directeur : il ne saurait plus quelle image choisir parmi les deux images miroirs proposées par les yeux d’où les confusions de lettres…

Ces deux scientifiques ont mis au point et testé une lampe stroboscopique à leds clignotants toutes les 10 millisecondes censées aider le cerveau à oublier l’image miroir.

(crédit photo : Pixabay, Dariusz Sankowski)

Testées sur 30 étudiants dyslexiques, leur performance en lecture et en écriture a été significativement améliorée. Delà à commercialiser des lunettes stroboscopiques destinées à tout dyslexique, le chemin est encore long.

D’autant qu’après des lectures relayant cette information, j’ai pris connaissance de quelques critiques à l’encontre du design de cette étude scientifique.

Le quotidien belge Le soir a publié un article remettant en cause le sérieux de l’étude rennaise en particulier en critiquant :

• Le profil des patients étudiés.

• La conclusion de l’étude qui laisse penser que la dyslexie est issue d’une seule cause. Hypothèse démentie depuis plusieurs années.

• La solution proposée : la lampe stroboscopique.

Conclusion :

La dyslexie est un trouble majeur touchant une part importante d’enfants causant des difficultés scolaires évidentes mais touchant aussi à la construction psychologique de leur personne : estime de soi, confiance, …

Trouble multi causal, la dyslexie demeure encore méconnue : la recherche en science cognitive n’a pas encore levé le voile sur l’ensemble des mécanismes sous-jacents.

En attendant, seule une prise en charge pluridisciplinaire et un accompagnement bienveillant peut aider l’enfant à se développer et à construire les stratégies d’adaptation lui permettant de progresser malgré ses difficultés.

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dyslexie
http://www.ffdys.com/troubles-dys/dyslexie-et-dysorthographie
https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_1049323/les-adaptations-pedagogiques-destinees-aux-eleves-ayant-une-dyslexie
http://www.dyslogiciel.fr/
https://www.dys-positif.fr/dyslexie/
https://fantadys.com/
http://www.leparisien.fr/societe/comment-une-lampe-magique-pourrait-soigner-la-dyslexie-18-10-2017-7340793.php
https://www.lopinion.fr/edition/autres/dyslexie-stroboscope-136317
www.lesoir.be/120494/article/2017-10-21/non-na-pas-trouve-de-lampe-magique-pour-les-dyslexiques
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/10/19/la-dyslexie-nichee-au-fond-des-yeux_5202982_1650684.html
https://www.sante-sur-le-net.com/dyslexie-anatomie-yeux/
http://www.cortex-mag.net/non-on-na-pas-encore-trouve-la-cause-de-la-dyslexie/

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