Rencontres avec l'Afrique : En route vers le pays Dogon

in #fr7 years ago


Le Mali

Pour mes premières vacances en Afrique de l’ouest j’envisageais d’aller au pays Dogon, un endroit plein de charme et de culture au Mali. Titulaire d’un passeport de service je devais passer par l’ambassade de France qui m’obtenait un visa de courtoisie. Ce visa avait l’avantage d’être facile et gratuit. Cette fois là il me fût refusé, le nord Mali était considéré comme dangereux. L’ambassade ne prenant aucun risque étendait le danger et incluait le pays Dogon. J’avais suivi les événements et j’hésitais encore quand ce refus administratif m’a convaincu immédiatement de l’intérêt d’entreprendre le voyage.

Abandonnant le passeport de travail privé de voyage, armé de mon passeport normal je pris la route au volant de ma superbe R4 récemment acquise, quoique beaucoup moins récemment construite. A la frontière Malienne il me fût facile de négocier un visa, bienvenu au Mali.

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Comparé à la Côte d’Ivoire, le Mali était très pauvre. On le sentait dans les prix pratiqués, dans les structures existantes. C’était pourtant la période de Noël, une période où la consommation chez nous tourne souvent á l’absurde. Ici rien de tel, la vie était survie à Noël comme tout au long de l’année.


Un fleuve pour tous les usages
Une fois au Mali on suit le fleuve Niger. Né dans les montagnes de Guinée il fait une boucle illogique vers le nord dans le Sahel. Comme il n’y trouve ni la mer ni la force de l’atteindre il repart vers le sud pour rencontrer finalement l’océan dans le delta du Nigéria. Cet entêtement en fait un des plus longs fleuves d’Afrique derrière le Nil et le Congo. Avec son étrange parcours c’est un cadeau de la nature pour les pays du sahel, seule source d’eau, voie navigable dans certaines parties et selon les époques.

La vie nocturne

Ma première étape Malienne s’annonçait comme une occasion de sortir faire quelques rencontres et me renseigner sur le pays. Arrivé tard, négociations obligent, on me parle d’une séance de cinéma. J’ai mis longtemps pour trouver l’endroit. Dans un dédale de rues sombres et poussiéreuses où je me pensais définitivement perdu, a finalement surgit la lumière blafarde d’un néon bleuâtre. C’était une maison individuelle, la seule en dur du quartier et une affiche usée annonçait un film de Bruce Lee.

Le prix, insignifiant pour un Européen me donna accès à une pièce dans laquelle étaient alignées de vielles chaises faisant face à une télévision équipée d’un magnétoscope. J’attendais le début de la séance en regardant le spectacle dans la salle, inconscient que le spectacle, avant que Bruce Lee ne reprenne la vedette, c’était moi. J’étais le seul à disposer d’une chaise entière, juste pour moi, avantage du statut d’étranger, une leçon d’hospitalité. La salle était comble, au sens Africain du terme, pas celui des normes de l’administration Européenne. Il faisait chaud, on transpirait, on étouffait. Mais quelle ambiance !

Après de longs réglages, le film a commencé. Son à fond, totalement inaudible, plus de parasites que d’image parasitée typique des bandes inlassablement repassées. La salle vivait les exploits de Bruce Lee. Ponctués d’acclamations en tout genre, certains se levaient frappant l’air chaud comme s’ils pouvaient aider le héros combattant vaillamment les méchants. Que dire du moment du baiser, dans la salle tranquillisée par l’inaction momentanée, un petit « hum » suggestif déclenchait un éclat de rire collectif.

The end … applaudissements enthousiastes. Une des meilleure et des pires séances de cinéma de ma vie, que j’ai renouvelé de très nombreuses fois par la suite, presque toujours Bruce Lee, Rambo ou Rocky.

La route Bamako - Gao

Dans le sud les balles de coton prêtes à partir ponctuent la route de leurs tâches blanches. Des camions improbables, ployant sous le poids du coton, les amènent vers la capitale. Les petites épiceries de villages ne proposent que quelques paquets de gâteaux secs et boites de conserves souvent périmées. Les marchés sont colorés des tenues des vendeuses et de tout le matériel plastique qui s’y vend, seaux et bassines fait en Chine.

Au fur et à mesure qu’elle prend la direction du nord la route est entourée d’un paysage de plus en plus sec. Le pays, pauvre au sud le devient plus encore en montant au nord. Toute l’activité est centrée le long du fleuve, la route, les cultures, les villes et villages.

Djenné, patrimoine mondial de l’Unesco


La mosquée de Djenné à l'histoire millénaire
Il faut quitter la route principale pour voir à Djenné. Fameuse pour sa mosquée, la ville est sur une île, entre deux bras du Bani, un affluent du Niger. A cet endroit le fleuve se perd dans un delta intérieur. C’est dans cette période d’indécision que le grand fleuve changera d’avis pour repartir progressivement vers le sud, acceptant le Sahara comme trop grand pour lui. Contrairement à l’Okavango au Botwana il sauvera sa vie en changeant de cap.


Les toits de Djenné pour des nuits sous les étoiles
Il fallait être à Djenné le dimanche soir pour assister au marché du lundi. On louait un toit où l’on passait agréablement la nuit et le matin depuis notre mirador, vue sur mosquée, on observait l’arrivée des différentes ethnies qui venaient, parfois de très loin, vendre leur maigre production.

C’était les Sonrhaï, les Peuls, les Touareg, les Bambaras, les Bozos, les Mossi qui arrivaient au rythme du désert, chargés ou accompagnés par leur marchandise, à pieds ou en pirogue. Ils allaient s’installer dans les rues entourant la mosquée, protégés du soleil par de simples bâches en plastique. Les marchandages prenaient de l’ampleur avec l’avancée de la matinée, les meilleures affaires se faisant le matin. On y trouvait tout ce qui a de la valeur dans le Sahel, du sel, du sucre, du thé, du mil, des calebasses coupées en deux pour servir de récipient, des chèvres et des moutons, de la viande, de la quincaillerie, du poisson au fumet délicat.

Retour à la route


Le bac pour atteindre et quitter Djenné
Saturé d’odeurs et de couleurs il fallait quitter Djenné, repasser le bac et retrouver la route principale, direction le nord on arrivait enfin à un carrefour. A gauche la ville de Mopti paressait au bord du fleuve. Tout droit on aurait atteint la mythique et mystérieuse Tombouctou, mais en ce moment cela serait réellement dangereux, il me faudra attendre encore deux ans pour y aller. Pour cette fois se sera á droite, vers l’objectif du voyage, le pays Dogon. La route était effectivement barrée par les militaires mais il y a beaucoup de pistes autour de la route principale, on le sait en Afrique il n’y a pas de problème tout fini par s’arranger.

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Je ne sais pas comment c’est aujourd’hui mais à cette époque les 100 deniers kilomètres menant à Bandiagara, la capitale du pays Dogon n’étaient pas aisés pour une R4. Un peu de sable et quelques accidents de terrain qui, s’ils auraient fait sourire un 4*4, n’était pas anodins pour ma R4 et moi qui faisait mes 1er armes sur les pistes Africaines.

J’allais enfin atteindre le pays Dogon, un peuple qui vit dans et aux alentours d’une longue falaise. Un peuple à la culture très forte habitant de magnifiques villages. Bandiagara, le plus grand et le centre administratif est construit sur le plateau en bordure de la falaise. C’est cette région et ce peuple que nous découvrirons dans le prochain article.

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I don't speak French, but it looks like a well-written blog. We should have more content like this.

Thank you @travelcouple1, you can read the very good translation made by @vcelier

Niger, Mali, que de souvenirs ces pays m'évoquent! Rien que pour ça un grand merci @terresco.

Merci à toi d'avoir la patience de lire ! Des pays fantastiques en effet, partage tes expériences qui doivent ressembler aux miennes je suppose

Encore et toujours un bon bol d'air et de dépaysement ! Upvoté à 100% !

Merci @francosteemvotes pour votre soutien constant