De quel cycle parle-t-on ?

Les marchés financiers suivent des cycles de hausse et de baisse qui sont en réalité lié aux émotions des investisseurs sur ces derniers. Cette règle est d’autant plus vraie sur le marché des crypto-actifs qui, étant encore relativement petit (186 Milliards à l’heure où j’écris ces lignes : https://coinmarketcap.com/), est très réactif au FOMO et au FUD.
« Fear Of Missing Out » désignant la peur que quelque chose que l’on ne possède pas prenne de la valeur ; « Fear, Uncertainty, and Doubt » désigne la peur que quelque chose que l’on possède perde de la valeur.
Cette première image résume de manière simplifiée ce que détaille la seconde.

Je me permets juste de vous mettre une image du prix de l’or en dollar américain depuis Janvier 1975 pour illustrer concrètement l’idée :

Et le Bitcoin dans tout ça ?

De la même manière, l’Histoire du Bitcoin est rythmée par des cycles de bulle depuis 2009. On a tous en mémoire la fulgurante hausse du prix du Bitcoin jusqu’à atteindre les 19666 $, suivie de sa descente aux enfers qui l’a mené jusqu’à 3156 $ pour son plus bas. Cette dernière explosion de la bulle du Bitcoin a duré un an et s’est traduite par une perte de 84% de sa valeur. Comme vous pouvez le voir ci-dessous :

Mais depuis le 10 Décembre 2018, le prix a déjà repris 140% de sa valeur (au passage, comme vous pouvez le voir, les « nuages » vert et rouges sont légèrement asynchrone dans le temps avec la courbe du prix, c’est normal et à prendre en compte dans l’analyse) :

Si nous prenons du recul sur la courbe des prix du Bitcoin depuis août 2011 (avec une échelle logarithmique pour bien voir les variations de valeur en fonction des pourcentages que cela représente) nous pouvons clairement identifier les débuts et fin de la bulle commencée avec un plus bas à 2.25$ le 21/11/12 et terminée mi-novembre 2015 aux environs des 300$.

Il est intéressant de mettre sous Excel les variations d’un plus haut à un plus bas. Puis de regarder les prix du Bitcoin année par année au 1er Janvier, avant d’incorporer les dates (et prix) des halvings du Bitcoin :

Point technique : un « Halving » désigne le bloc à partir duquel la création monétaire va être divisée par deux. La blockchain du Bitcoin a débuté par 50 Bitcoins produits à chaque bloc validé, avant de passer à 25 Bitcoins, puis 12.5 (aujourd’hui) et très prochainement 6.25 (Mai 2020).

Intéressons-nous d’abord au premier tableau. Il présente les variations d’un plus haut à un plus bas, et le temps que cela a pris entre chaque. Première grosse hausse, de 2.25$ à 1163$ : +51688% en 2ans. Puis grosse chute d’un peu plus d’un an jusqu’à 152.4$ soit -86.9%. Suivi d’un retour à la hausse pendant presque 3 ans, qui entraînera le Bitcoin jusqu’à son record historique à 19666$, soit +12904%. Avant de finalement corriger violement jusqu’à 3122$ un an plus tard (Décembre 2018), soit -84.12%. Nous sommes donc à une période où le marché reprend tout juste du poil de la bête (« Bull run is Coming »), et ce depuis presque un an maintenant déjà.

Et où en sommes-nous maintenant ?

Dernièrement nous avons rebondi sur le support des 6500$, après être définitivement sortis du nuage rouge (souvenez-vous que cette sortie du nuage rouge avait marqué le début de la dernière bulle en Novembre 2015), et sommes arrivés à la résistance des 7500$ en moins d’une semaine.

Si l’on regarde à plus petite échelle (4H au lieu de 1W) comment s’est déroulé ce rebond on voit très clairement se dessiner un ETE renversé (Epaule Tête Epaule) ici en bleu clair. En effet, il vient confirmer la sortie du canal baissier dans lequel nous nous trouvions depuis Juillet 2019.

En réalité, ce rebond sur les 6500$ est un signe fort de retour à la hausse sur beaucoup d’indicateurs.

Prenons du recul sur la réalité du marché.

Le marché a beaucoup évolué depuis l’explosion de la dernière bulle, et les positions des institutionnels et des Etats aussi.

La Russie est engagée dans la course à la technologie Blockchain (https://journalducoin.com/bitcoin/russie-penurie-de-cartes-graphiques-provoquee-banque/), tout comme la Chine qui l’a récemment officialisé par la voix de Xi Jinping, déterminé à « prendre la première place dans le domaine émergent des blockchains ». (https://journalducoin.com/blockchain/technologie-blockchain-president-chinois-xi-jinping-veut-premiere-place/). Annonçant au passage la création prochaine d’une crypto-monnaie nationale (la « DCEP »).

Les BRICS (Brésil , Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) de manière générale sont très penchés sur la technologie blockchain et en sont même à discuter de la mise en place d’une crypto qui leur serait commune (https://www.thecointribune.com/actualites/la-crypto-des-brics-serait-utilisee-par-3-milliards-dindividus/). Utilisée pour les échanges entre ces pays afin de contourner les paiements en Dollar : « la part du dollar dans les règlements du commerce extérieur des BRICS est passée de 92 % à 50 % au cours des cinq dernières années. La mise en place d’une cryptomonnaie commune aura ainsi vocation à confirmer cette tendance avec l’ambition à terme de créer un écosystème intégralement « dollar and SWIFT-proof ». » On parle là d’un marché incluant 3 Milliards d’individus.
Entre les monnaies publiques (telle que le Bitcoin ou Ethereum), les monnaies étatiques (le « Digital Currency Electronic Payment » -DCEP-, le crypto-rouble (finalement avorté), le Petro au Vénézuela, les poussées pour un crypto-euro...) et les monnaies privées (Ripple, Libra, GRAM...), l’hégémonie du Dollar risque d’être secouée à l’avenir.

Soit dit en passant, la Chine est déjà engagée dans une lutte commerciale contre les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) avec ses BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) pour la domination du secteur du numérique et des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). C’est un autre sujet, mais il témoigne de la volonté de la Chine d’être présente et compétitive sur ces enjeux (https://www.thecointribune.com/actualites/brevets-blockchain-la-chine-en-a-depose-60-depuis-2009/).

Au niveau Européen, même engouement des institutionnels (surtout déclenché suite au choc -ou réveil- qu’a engendré l’annonce du lancement prochain de Libra) : les ministres des finances allemands (https://journalducoin.com/regulation/ministre-finances-allemagne-olaf-scholz-euro-numerique/) et français (https://www.thecointribune.com/actualites/bruno-le-maire-propose-une-monnaie-digitale-publique/) sont d’accord sur l’idée de pousser pour la mise en place d’un crypto-euro.

Un membre du Directoire de la BCE plaidé d’ailleurs il y a peu en ce sens (https://journalducoin.com/blockchain/la-banque-centrale-europeenne-veut-son-crypto-euro/). Le Premier sous-Gouverneur de la Banque de France prône également pour une utilisation de la Blockchain au niveau Européen (https://journalducoin.com/24h-sur-la-planete-crypto/la-banque-de-france-pousse-la-tokenisation-au-niveau-des-instances-europeennes/).
En outre, les banques Allemandes seront bientôt en mesure de conserver du Bitcoin au même titre que de l’or (https://cryptonaute.fr/les-banques-allemandes-bientot-autorisees-a-conserver-du-bitcoin/).
Et les institutions françaises ne restent pas de marbre, comme en témoigne le dernier rapport du Sénat sur les crypto-actifs : https://www.thecointribune.com/actualites/rapport-senat-france-innover-cryptomonnaies/ .

Les Etats-Unis bougent aussi beaucoup sur la question. Si le Congrès semble très occupé à taper sur les doigts de Zuckerberg, en mettant des bâtons dans les roues de Libra, pour lui faire payer les scandales autour de Cambridge Analytica, il n’en reste pas moins que les Etats-Unis disposent d’un écosystème blockchain très actif. D’ailleurs, dernièrement la FED a déclaré diriger des recherches sur les couts et avantages de l’émission d’un crypto-Dollar (https://www.thecointribune.com/actualites/la-fed-peu-convaincue-par-lutilite-dun-dollar-electronique/).

L’Iran, la Tunisie, le Paraguay, la Suisse, le Pays de Galle, l’Estonie, la Corée du Sud, la Thaïlande, Singapour, Hong Kong, le Japon depuis bien longtemps aussi, bref autant de pays qui sont conscients de la course lancée et qui ont décidé d’y participer pour ne pas être distancés. C’est autant de pays prompt à mettre en place une régulation qui sera, ils l’espèrent tous, optimale pour le développement de leur écosystème blockchain national.
Je ne vous parle pas de tous les projets et entreprises qui se sont lancées et se sont déjà bien développés car ce serait trop long mais je vous invite à vous renseigner par vous-même car c’est passionnant et impressionnant (je ferais sous peu un article regroupant une liste de sites à suivre pour ne rien manquer).

Quoique, j’en place une spéciale pour Brave (https://brave.com/frw595). Brave est un navigateur (tout comme Google Chrome) qui respecte votre vie privée en bloquant les traceurs (cookies), qui visent à surveiller votre navigation, ainsi que les pubs (et de facto, vous offre une navigation sur le net plus rapide et fluide). Les pubs sont donc toutes bloquées sauf celles que vous acceptez de regarder et vous êtes rémunéré en BAT pour chaque pub regardée. BAT signifiant « Basic Attention Token », pour un Jeton rémunérant l’Attention. L’idée étant de remettre l’utilisateur au cœur du système publicitaire en ligne, là où jusqu’à présent, l’argent généré par ce business ne passait que des mains du publicitaire vers celles du site web (ex : Facebook, Amazon, Instagram...) sans passer celles de l’utilisateur. C’est pourtant lui qui donne de son temps, à travers son attention, et donc de l’importance, aux différents sites web qu’il consulte. On cherche ici à transformer le consomateur en « consomacteur ». De plus, Brave fonctionne par défaut avec le moteur de recherche Qwant qui est français, donc vous êtes assurés qu’aucune de vos données ne sera envoyée sur des serveurs américains (cela dépend bien entendu de votre utilisation du web, encore plus depuis le Cloud Act...).

Bref, l’écosystème blockchain est aujourd’hui bien plus développé qu’il y a 2 ans, lors du fameux pic à 19666$.

L’actualité de la finance internationale est quant à elle des plus inquiétantes.

Les économistes sont aujourd’hui unanimes sur le fait qu’une crise financière pire que celle de 2008 ne devrait plus tarder à avoir lieu (je vous laisse vous renseigner sur le sujet). Or, tous les exemples récents de crises de monnaies nationales se sont soldés par un achat massif de Bitcoins au niveau local. En effet, si le Bitcoin fait débat quant à ses capacités à remplir les 3 fonctions d’une monnaie (intermédiaire d’échange, réserve de valeur et unité de compte), il reste néanmoins aux yeux du grand public une réelle réserve de valeur accessible à tous (https://steemit.com/bitcoin/@faucheur/le-bitcoin-deviendra-t-il-une-alternative-perenne-a-l-or-en-tant-que-reserve-de-valeur).

Exemple, la livre Turque qui a perdu 13% le 10/08/18 et 20% en tout sur deux semaines a provoqué une augmentation de 60% du trafic sur les plateforme d’achat turques de crypto-actifs (https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/avec-la-crise-les-turcs-ont-massivement-achete-des-bitcoins-137060). On a pu observé des réactions similaires au début de la crise vénézuélienne, mais également en Iran ou encore plus récemment à Hong Kong (https://journalducoin.com/bitcoin/honk-kong-volumes-echange-bitcoin-battent-records/).

La technologie blockchain est la course à l’espace de notre génération, et son impact sur nos sociétés sera au moins -sinon plus- important que l’impact qu’a eu Internet. Attention toutefois, cet article n’est pas à prendre comme un conseil en investissement, c’est à vous de vous faire votre propre opinion basée sur vos propres recherches afin que vous puissiez répondre par vous-même à la question suivante : « La technologie est-elle aujourd’hui sous-évaluée ? ».

Je conclurai sur une citation d’Idriss Aberkane qui paraphrase assez bien A. Schopenhauer à ce propos : « Toute révolution passe nécessairement par trois phases, elle est d’abord considérée comme ridicule, puis comme dangereuse, avant de devenir évidente ».

Marius CAMPOS, International Business Consultant Smart-Chain & Business Developer Coin Capital

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