Les notions de zones d’influence, limes et glacis dans la perception soviéto-russe de sa sécurité

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Les notions de zones d’influence, limes et glacis dans la perception soviéto-russe de sa sécurité

Mémoire rédigé par Marius CAMPOS
Sous la direction de M. AMELOT Laurent

Institut Libre d’Etude des Relations Internationales

Année universitaire 2016/2017
Bachelor 1
18/04/2017

Sommaire

Introduction

I . Un Etat-continent et transcontinental

I.1. « La géographie ça sert, d’abord, à faire la guerre »

I.1.1. « La politique d’un Etat est dans sa géographie »

I.1.2. « L’île monde » conceptualisée par Mackinder

I.2. Les stratégies soviéto-russe pour assurer sa sécurité

I.2.1. Entre Comecon et Pacte de Varsovie : mise en place du glacis défensif

I.2.2. Des frontières surveillées de près (conception réaliste des rapports internationaux ?)

II . La continuité du projet géopolitique russe

II.1. Un Etat qui existe pour l’expansion

II.1.1. La quête d’une grandeur passée

II.1.2. « L’Etranger proche », une forme de respiration impériale

II.2. Une sécurité qui passe par une affirmation sur la scène internationale

II.2.1. L’accès aux mers chaudes : une priorité

II.2.2. Du jeu d’échec au Poker

Annotations

Lexique

CEI : Communauté des Etats Indépendants
Comecon ou CAEM : Conseil d’aide économique mutuelle
EurAsEc ou CEE : Communauté Economique Eurasiatique
OCS : Organisation de Coopération de Shanghai
OECE : Organisation Européenne de Coopération Economique
OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
OTSC : Organisation du Traité de la Sécurité Collective
UE : Union Européenne
PC : Parti Communiste
RDA : République Démocratique Allemande
RFA : République Fédérale d’Allemagne
URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

Introduction

« Nous n’avons pas besoin d’être éperonnés ou stimulés. La Russie a une histoire millénaire, et pratiquement, elle a toujours eu le privilège de pratiquer une politique extérieure indépendante ». Ces mots, prononcés par Vladimir Poutine(1) lors d’un discours à la conférence de Munich sur la sécurité, le 10 février 2007, témoignent de la forte influence de l’héritage historique sur la politique extérieure menée par la Russie. En effet, la Russie représente plus de 1000ans d’Histoire, la Rus’ de Kiev ayant été fondée en 822(2). Néanmoins, nous nous limiterons à l’étude de la période soviéto-russe, c’est-à-dire de la naissance de l’URSS le 30 décembre 1922 à nos jours. Puisque Joseph Staline a imposé cette fusion entre la Russie et les autres Républiques, en allant donc à l’encontre de l’avis de Vladimir Ilitch Lénine, nous considérerons qu’il a été celui qui a véritablement créé l’URSS. Aussi, faut-il garder à l’esprit que la sécurité nationale occupe une place très importante dans les préoccupations de la population russe. En effet, le contrat social russe est basé sur une délégation de pouvoir absolu en échange de la prospérité et d’une certaine forme de stature internationale du pays.
Il est donc intéressant de se pencher sur la traduction de cette conception de la sécurité soviéto-russe sur le plan international à travers les notions de zone d’influence, de glacis et de limes. Pour cela, nous allons nous demander si cette vision de la sécurité soviéto-russe a évoluée selon une idéologie, une doctrine, ou bien si elle a évolué selon des évènements, des éléments d’origine externe ?
Nous verrons que la Russie se pense en tant qu’Etat-continent, ce qui joue un rôle très important dans ses relations avec ses voisins, et qui, in fine se traduit par la mise en œuvre d’une stratégie défensive pragmatique. Suite à cela, nous mettrons en exergue la continuité dont la Russie a fait preuve dans son projet géopolitique en développant, premièrement ses ambitions expansionnistes, et deuxièmement le renforcement de sa stature sur le plan international.

I. Un Etat-continent et transcontinental

La Russie est le plus vaste pays du monde. Elle s’étend sur plus de 17 millions de km² et partage plus de 22 000 km de frontières terrestres avec 14 pays différents(3).

I.1. « La géographie ça sert, d’abord, à faire la guerre »

Yves Lacoste est l’auteur d’un ouvrage qui s’intitule « la géographie ça sert, d’abord, à faire la guerre »(4). En un sens, nous pourrions mettre ce titre en relation avec « la politique d’un Etat est dans sa géographie »(5).

I.1.1. « La politique d’un Etat est dans sa géographie »

Pour comprendre la politique de la Fédération de Russie, il est nécessaire de regarder un globe terrestre en positionnant la Russie au centre de ce dernier pour constater qu’elle évolue dans un environnement qu’elle perçoit comme étant menaçant(6). A l’Ouest se trouvent les Etats européens dont la plupart sont membres de l’UE, voire de l’OTAN (ou des deux), et ont ainsi des relations particulières avec les Etats-Unis. A l’Est, le pacifique et le Japon, puissance concurrente et alliée indéfectible des Etats-Unis. Au Nord, la Russie est limitée par l’Arctique (et fais face, de facto, aux Etats-Unis). Au Sud se trouvent la Chine, l’Inde et plus généralement l’Asie centrale, autant d’Etats dont la Russie se sent plus ou moins proches et avec qui elle tente de nouer des relations. Gardons à l’esprit que la Russie est à cheval entre l’Europe et l’Asie, bien que la majorité de sa population se situe à l’Ouest.
Ainsi, cela nous amène à considérer un lien inextricable entre les facteurs géographiques de la Russie mentionnée ci-dessus (à savoir sa topographie particulière et sa position stratégique) et sa stratégie d’expansion qui va se faire en fonction de ces paramètres.

I.1.2. La Russie, au centre de « L’île monde » conceptualisée par Mackinder

En 1904, Halford John Mackinder, un géographe britannique considéré comme étant le père de la géopolitique, tente de théoriser des liens de causalité géographique dans l’histoire universelle. Il part du constat que les conquêtes mongoles ont démontré par le passé une supériorité manifeste de la puissance nomade sur la puissance sédentaire. Or, le progrès technologique entraine à cette époque un accroissement de la mobilité, et donc une capacité de projection plus importante. Mackinder y perçoit une pression de l’Orient nomade envers l’Occident sédentaire. Mais l’ouverture du canal de Suez a permis également à la puissance maritime de gagner en mobilité, à tel point que l’on assiste à une confrontation mondiale entre la puissance maritime et la puissance continentale. Dès lors, Mackinder craint une percée de la puissance continentale sur les côtes, puis sur les mers, mettant ainsi en péril l’hégémonie britannique sur celles-ci. Il envisage alors la possibilité que la croissance d’un Empire soit susceptible de le mener à la création d’un Empire planétaire unique.
Le géographe repère, dans le continent Eurasiatique, une zone qu’il considère comme étant le pivot géographique de l’histoire : le « Heart-land ». Ce dernier se situe au centre de l'Île monde et s'étend de la Volga au Yangtze et de l'Himalaya(7) à l'Arctique. Lorsque Mackinder publie sa thèse, cet espace correspondait principalement au territoire de l'Empire russe (dont l'URSS sera le successeur). Bien que son concept subisse quelques évolutions, Mackinder a voulu pointer du doigt les atouts de ce territoire (en l’occurrence la Russie d’alors) qui abrite quelques-uns des plus grands fleuves au monde (Amour, Ienisseï, Volga, Olbe) et est ceinturé par des mers stratégiques (mer Noire, mer Méditerranée, mer Caspienne). De surcroît, les sols y disposent de richesses permettant l’autarcie alimentaire et industrielle pour la Russie. En 1919, après avoir étendu le Heartland à l’Europe de l’Est, il résume son concept de la manière suivante : « « Qui contrôle l'Europe de l'Est contrôle l'Heartland ; Qui contrôle l'Heartland contrôle l'Île Monde ; Qui contrôle l'Île Monde contrôle le monde. »(8)
L’objectif est donc de limiter la puissance du pouvoir qui contrôle ce territoire, en conséquence, Moscou pense sa sécurité de manière pragmatique

I.2. Les stratégies soviéto-russe pour assurer sa sécurité

Crée le 30 décembre 1922, l’URSS sort de tourments qui l’ont considérablement affaibli. Durant l’entre-deux guerres, la communauté internationale se préoccupe assez peu de cette puissance en devenir. Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que l’URSS s’est positionnée comme un acteur incontournable de la scène internationale. L’impérialisme dont fait preuve l’URSS est fortement marqué par le limes.

I.2.1. « Pour moi ce ne sont pas les frontières et les territoires qui comptent, mais le sort des gens »(9)

L’Etat est l’association de trois éléments : un pouvoir politique, une population et un territoire délimité par des frontières. Or la Russie se pense comme étant un Empire et non un Etat-nation. Dans la conception russe, le territoire n’obéit pas à une logique de légitimité mais étant nécessairement pluriculturel, il se base sur des principes d’opportunité ou de nécessité. En effet, l’Empire d’Alexandre III dominait des dizaines de nations et d’ethnies différentes. « La Pax russica ne fut pas le résultat de l’aventure rapide et éphémère d’un conquérant, mais une conquête qui se poursuivit sur plus de trois siècles, et qu’il fallait donc, pendant tout ce temps, élargir et intégrer »(10). Certains parleront de la doctrine de l’« eurasisme » en faisant référence à l’unité identitaire, politique et civilisationnelle : la Russie unifie la civilisation slave et européenne. Alexandre Douguine, philosophe et géopoliticien russe, explique que la Russie a pour vocation d’unir les pays eurasiatiques, puis tous les pays, en un seul bloc géopolitique basé sur des fondements idéocratiques(11).
Contrairement à certains pays dont les frontières sont formées (voire protégée) de manière naturelle, la Russie est un Etat continental dont certaines parties de ses frontières ont longtemps été discutées (certaines l’étant encore aujourd’hui(12)). Les fleuves Amour et Oussouri qui séparent la Chine et la Russie constituent une des plus grandes frontières terrestres du monde, et constituent le limes Russe. En 1969, les armées soviétiques et chinoises se sont opposées pour la possession de certaines îles des deux fleuves. Cette délimitation a fait l’objet de tensions jusqu’en 2001, date de la signature de traités frontaliers de bon voisinage, de coopération et d’amitié. De même, la chaîne montagneuse du Caucase est surveillée de près par Moscou. Généralement considérée comme la frontière entre l’Asie et l’Europe, elle sépare la Transcaucasie (la Géorgie et l’Arménie peuplée de chrétiens, et l’Azerbaïdjan, peuplé de musulmans chiites) de la Ciscaucasie (ensemble de 7 républiques autonomes de la Fédération de Russie, majoritairement peuplées de musulmans excepté l’Ossétie du Nord). Le Caucase constitue une véritable mosaïque ethnique(13) (le seul Daghestan -50 300km²- abrite pas moins de 12 langues différentes). En outre, la Ciscaucasie est une zone de tensions : à l’Est, elle est infiltrée par un islamisme combattant ; la Tchétchénie fut le théâtre de deux guerres(14) ; le Daghestan est une zone de troubles ; elle constitue une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Europe et l’Afghanistan. Mais le Caucase est à la fois un limes naturel infranchissable, une zone de production d’hydrocarbure et un axe pétrolier entre la Mer Noire et la Caspienne. Pour Vladimir Poutine, le contrôle de ce territoire est une « question de survie ». Enfin, sous la pression de la poussée démographique chinoise, s’opère une remise en question l’intangibilité du limes russe en Extrême Orient.
Les Etats-Unis sont également un Etat-continent, mais ils sont protégés par l’océan Pacifique à l’Ouest et par l’Atlantique à l’Est. Au Sud, leur frontière avec le Mexique (environ 3 200km) n’est pas comparable aux frontières terrestres russes qui représentent plus de 20 000km, et au Nord, le Canada est un allié solide. Cela influe donc sur leur géopolitique. Les Etats-Unis se sentent inatteignable sur leur propre territoire (et c’est en cela que le 11 septembre 2001 les a choqués) alors que les russes se sentent menacés sur la totalité de leurs frontières. En effet, la théorie du Rimland de Nicholas Spykman (développée dans les années 1940) fait échos à celle du Heartland de Mackinder. Selon Spykman, la clé de la domination mondiale se situe dans le contrôle du pourtour du Heartland. Quiconque contrôle le pourtour du Heartland, contrôle les accès aux mers, ainsi que tous les échanges réalisés par le Heartland.
Lors de la Guerre Froide, l’enjeu pour les américains était donc de « contenir » le développement de la puissance russe en ayant une influence sur le Rimland et inversement, les russes cherchaient alors à contrôler le Rimland pour se protéger.

I.2.2. Entre Comecon et Pacte de Varsovie : mise en place du glacis défensif

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le monde se divise autour des deux « grands » que sont devenus les Etats-Unis et l’URSS. Un combat idéologique s’engage et chaque bloc tente de multiplier ses alliés pour renforcer sa sécurité, son poids diplomatique, sa mobilité. Dès 1947, le bloc occidental étend son influence sur l’Europe de l’Ouest via le plan Marshall(15) et va jusqu’à proposer cette aide à l’URSS. Le Commissaire du peuple aux affaires étrangères de l’Union soviétique, Viatcheslav Molotov, fait part du refus de Moscou et force la Tchécoslovaquie, la Finlande et la Pologne à refuser à leur tour. En réaction à la création de l’OECE, le Comecon (Council for Mutual Economic Assistance)(16) est créé le 25 janvier 1949 par Staline.
En juillet 1949, l’OTAN est fondée sur la base de 12 Etats membres (principalement en Europe de l’Ouest). L’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord stipule « qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs (des parties) (…) sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence (…) chacune d'elles, assistera la partie »(17). Après la coopération économique, la protection mutuelle. Ce traité est clairement orienté contre L’URSS qui y voit une menace directe. Lorsque la RFA intègre l’OTAN le 6 mai 1955(18), l’URSS réagit en créant le Pacte de Varsovie le 14 mai 1955. Il s’agit d’une alliance militaire défensive entre l’URSS et sept pays (RDA, Hongrie, Roumanie, Pologne, Bulgarie, Albanie, Tchécoslovaquie) qui s’ajoute aux accords bilatéraux et complète la CAEM. Staline, traumatisé par l’opération Barbarossa(19) et inquiété par le déploiement de forces occidentales à ses frontières, crée ainsi un véritable glacis défensif. Un glacis qualifie une zone-tampon aménagée par une puissance autour de ses frontières par la maîtrise de régions, voire d’Etat, afin d'améliorer la défense de son territoire. Effectivement, après avoir libéré les Etats d’Europe de l’Est du joug nazi, l’URSS met en place des régimes communistes et instaure des démocraties populaires qui, à partir d’octobre 1947, sont contrôlés par le Kominform. Ce dernier ayant pour objectif de faire appliquer les volontés de Staline de manière centralisée sur les partis communistes européens (les PC vietnamiens et chinois n’étant pas conviés). Ainsi, le pacte de Varsovie couplé au Kominform, ont considérablement accentué la mainmise de l’URSS sur ces Etats, désormais réduits au rôle d’outil de la défense soviétique. Dans le cas de l’URSS, le glacis est également un synonyme de zone d’influence puisque les Etats formant le glacis russe font aussi partie de la sphère d’intérêts soviétique. L’URSS y déploie véritablement son pouvoir économique et politique sans la moindre rivalité du pouvoir en place.
Bien que la Guerre Froide soit terminée, l’aspiration expansionniste russe est toujours d’actualité. En effet, l’Histoire de la Russie est faite de conquêtes et d’extension du territoire et pour l’heure, l’objectif ultime de la Russie demeure une reconstitution de sa puissance mais de nature dissemblable de ce qu’elle a pu être au cours du XXe siècle.

II. La continuité du projet géopolitique russe

La Russie a un projet géopolitique qui depuis toujours tourne autour d’une matrice selon laquelle cet Etat existe pour l’expansion dans l’espace, que la puissance est en relation avec la surface du territoire contrôlé (l’idée moderne selon laquelle la puissance d’un Etat est liée à son développement, à sa prospérité, est relativement laissée de côté).

II.1. Un Etat qui existe pour l’expansion

Ainsi, la chute de l’URSS est perçue comme une tendance qui casse tout le mouvement historique de la Russie depuis le XIVème siècle. L’espace contrôlé a diminué.

II.1.1. La quête d’une grandeur passée

La chute de l’URSS s’est opérée brusquement et sans déclencher de conflits majeurs mais a eu de lourdes répercussions sur la vie du peuple russe. Dans les années 1980, l’URSS avait perdu son rang de deuxième puissance économique mondiale. La chute des prix du pétrole, la course à l’armement(20) et la guerre en Afghanistan entraînaient des déficits colossaux et la bureaucratie était devenue bien trop pesante pour l’économie. Dès 1985, Mikhail Gorbatchev entreprend de grandes réformes pour libérer la volonté d’entreprendre et permettre la liberté de parole tout en imposant de la transparence : ce sont la « Pérestroïka » et la « Glasnost ». En 1987, il obtient même des Etats-Unis un traité sur l’élimination des missiles intermédiaires, premier accord de désarmement nucléaire(21). Cette politique permis aux opposants de se faire entendre et « Gorby », comme il était parfois surnommé, refusa d’utiliser la force pour y répondre. Tiraillé entre les conservateurs l’accusant de vouloir la chute du système, et les réformateurs voulant aller plus loin dans la libéralisation (menés par Boris Eltsine), il assiste sans réagir à l’ouverture du « rideau de fer » entre la Hongrie et l’Autriche en mai 1989. En juin, les élections en Pologne portent Solidarnosc(22) au pouvoir écartant ainsi le PC. A l’automne, les régimes communistes d’Europe de l’Est tombent les uns après les autres. Gorbatchev semble les abandonner. La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 accélère le processus. En Roumanie, Nicolae Ceausescu est exécuté. Au cours de l’année 1990, les républiques soviétiques font part de leurs velléités d’autonomie, mais c’est la Russie qui proclame la première son indépendance(23) via son Président, Boris Eltsine(24). Il exhorte les autres républiques à faire de même. Le 8 décembre 1991, Eltsine signe avec le président de l’Ukraine et de la Biélorussie la fin de l’URSS. Le 25 décembre 1991, impopulaire et impuissant, Gorbatchev démissionne. Le 1er juillet 1991, le pacte de Varsovie avait été dissout, mettant ainsi fin à la guerre froide.
La subite dislocation de l’URSS en 1991 est toujours perçue par les russes comme un drame dans l’Histoire de la Russie. Quand Vladimir Poutine affirme que la chute de l’URSS est « la plus grande catastrophe géopolitique du siècle »(25), la presse occidentale est scandalisée. Néanmoins, en ajoutant que cette implosion a été un « drame véritable » pour le peuple russe, il ne fait qu’exprimer un profond ressenti de ses concitoyens. La dislocation de l’URSS a entraîné la désorganisation de l’Armée rouge, la réduction des crédits alloués aux hôpitaux, aux salaires des fonctionnaires, et aux pensions de retraites. Le niveau de vie moyen de la population s’est effondré et la misère installée. En 2000, Vladimir Poutine est élu, porté par Eltsine, et entame le rétablissement de l’ordre en maitrisant médias et pouvoirs politiques, mais également en contrôlant celui des oligarques à qui il s’adresse directement dans son allocution du 25 avril 2005 : "Ceux qui pensaient que la jeune démocratie russe n'était pas le prolongement de l'Etat russe, mais l'agonie du système soviétique, se sont trompés"(26).
Assurément, le succès de Vladimir Poutine tient pour une grande partie du fait qu’il soit parvenu à sortir la Russie de la crise par le biais de la mise sous tutelle étatique des actifs pétroliers et gaziers. Subséquemment à la popularité que cela lui a apporté, Moscou dispose désormais d’un moyen de pression très fort à l’encontre des ex-républiques soviétiques, des « étrangers proches », et notamment de la Géorgie et de l’Ukraine.

II.1.2. « L’Etranger proche », une forme de respiration impériale

« L’étranger proche » désigne les républiques de l’ex-URSS (excepté les pays baltes) sur lesquelles Moscou continue d’exercer ses prétentions en jouant de à la fois de son soft et de son hard power. Cette zone est considérée par la Russie comme le sanctuaire de son influence « naturelle » sur des bases autant historiques qu’économique. Nous pourrions parler de « respiration impériale » pour rappeler à la fois le concept d’« espace vital » pensé par les théoriciens géographes allemands et à la fois l’esprit impérial qui demeure dans la pensée géopolitique russe de sa sécurité. En outre, toute tentative d’intrusion dans cet espace par des puissances extérieures est ressentie comme une forme « d’agression ». Récemment, les relations entre la Russie et l’Occident se sont refroidies avec la volonté d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN poussée par les Etats-Unis, tandis que la Chine étend de plus en plus son influence en Asie centrale.
En effet, tout comme Moscou n’entend pas accroître son influence aux frontières des autres puissances, elle n’accepte pas que ces dernières le fassent au plus proche des siennes. Ce pragmatisme a déjà mené à de violentes réactions comme en Géorgie en 2008 où, au-delà de la résolution d’une problématique régionale complexe Caucasienne, Vladimir Poutine a envoyé un signal fort aux Etats-Unis.
Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer le soft power russe qui se déploie à travers la création de fondations sur le modèle de think tanks, d’implantation d’entreprises et de la promotion de la langue entres autre. De même, la Russie, qui tire une grande partie de sa puissance des ressources pétrolières et gazières, n’hésite pas à user de son hard power(27) de manière bilatérale, notamment en faisant pression sur l’Ukraine et la Biélorussie via des ultimatums énergétiques. Il s’agit du 1er producteur mondial de pétrole et du 2ème producteur mondial de gaz(28). Sur le site de Gazprom, gazier russe, on peut lire que le géant a exporté 178,3 milliards de m³ de gaz aux pays européens en 2016, contre 130,3 milliards de m³ en 2000. De cette manière, la Russie tente de reconstituer une partie du glacis perdu suite à la chute de l’URSS.
Enfin, Vladimir Poutine a rapidement compris que les interventions extérieures étaient un bon moyen pour s’affirmer sur la scène internationale et donc, de solidifier sa stature sur le plan national.

II.2. Une sécurité qui passe par une affirmation sur la scène internationale

Comme nous l’avons vu précédemment, la Russie est un Etat-continent qui ne dispose que de très peu d’accès aux mers chaudes, or celles-ci représentent la condition sine qua non du déploiement d’une puissance maritime.

II.2.1. L’accès aux mers chaudes : une priorité

La Russie dispose de trois principaux ports qui sont Saint-Pétersbourg, Vladivostok et Mourmansk. Ils se situent tous dans des mers froides qui sont gelées et les rendent inutilisables environ 6 mois par ans. Néanmoins, depuis le 26 août 2015, un accord entre Damas et Moscou permet aux russes de déployer leurs forces navales dans le port de Lattaquié en Syrie, et ce pour une durée indéterminée et en toute immunité. Cet unique base leur confère une position avancée non négligeable sur une mer chaude, à savoir la mer Méditerranée. Rappelons que la domination du Caucase assure à la Russie le contrôle de l’axe pétrolier mer Noire-Caspienne.
Pourtant, Pierre Le Grand(29) dans son « Testament », invitait son successeur à garder « à l’esprit que le commerce de l’Inde est le commerce du Monde et que celui qui peut seul le contrôler est maître de l’Europe. Aucune occasion ne doit être perdue pour provoquer une guerre avec la Perse, pour hâter son déclin et avancer en direction du golfe Persique ». Homer Lea(30), analyse en 1912 que la Russie est une puissance en devenir qui devrait focaliser son expansion vers le Sud. Il préconise la sécurisation du Caucase puis du corridor Perse. Ce dernier pourrait développer la puissance continentale russe, grâce au réseau de chemin de fer iranien. Enfin l’accès à l’océan Indien favoriserait le commerce, lui donnerait un accès aux mers ouvertes, et libèrerait la Russie d’éventuels blocus britanniques. En effet, à cette époque, le commerce de la Russie dépend grandement du bon vouloir de la Grande Bretagne qui dispose d’une hégémonie maritime.
En effet, selon Homer Lea, la clé de l’hégémonie globale se trouverait dans le contrôle du Golfe Persique combiné à celui de l’océan Indien et ce faisant, fait craindre aux puissances occidentales (et surtout britannique) une poussée des russes vers la Perse. Finalement, en septembre 1941, les soviétiques avec l’aide des troupes britanniques, envahissent l’Ouest de l’Iran (Téhéran compris), renversent le Shah d’Iran et installent un gouvernement sous influence soviétique. Les troupes soviétiques ne quitteront l’Iran qu’en mai 1946, après avoir profité du corridor perse durant toute la Seconde Guerre mondiale.
Plus récemment, le rattachement de la Crimée(31) à la Fédération de Russie permet à Moscou de profiter pleinement de leur base navale à Sébastopol, au Nord de la mer Noire (bien qu’elle abrite une flotte réduite). Elle se révèle être une position stratégique puisqu’elle leur confère un accès permanent à la mer Méditerranée(32). Aussi, dans un objectif de réaffirmation de sa stature internationale, la Russie a entamé dans les années 2000 la réalisation d’un large réseau d’alliance.

II.2.2. Du jeu d’échec au Poker

« Le match du siècle » s’est déroulé au Championnat du monde d’échecs de 1972. En pleine Guerre Froide, le tenant du titre russe Boris Spassky affronte le jeune prodige américain Bobby Fischer à Reykjavik (Islande). Alors que depuis 1948 le titre est jalousement détenu par une suite ininterrompue de soviétiques, Fischer remporte le match par 12½ - 8½. Ce match pourrait être une métaphore de la manière dont les blocs ont conçu les relations internationales tout au long de la Guerre Froide. En effet, alors que les américains privilégient le bluff (« guerre des étoiles ») et le poker (les traités multilatéraux comme l’OTAN), les soviétiques, telle une partie d’échecs, pratiquent les rapports de force en duel et tentent de mettre en place une stratégie de long terme, ce qui se traduit par une accumulation de traités bilatéraux. Mais la chute de l’URSS, semble marquer un tournant de ce côté-là.
La CEI est créée en 1991 pour conserver une certaine influence sur les ex-républiques soviétiques. Membre fondateur, l’Ukraine se retire de la CEI suite à la crise de Crimée en 2014. L’EurAsEc(33), organisation internationale économique eurasienne, est crée en octobre 2000. L’arrivée au pouvoir de V. Poutine accélère le développement de ce réseau d’alliance. En 2001 est créé l’OCS(34). Face au succès que connait cette organisation(35), l’Inde et le Pakistan rejoignent les pays membres en 2016. Le multilatéralisme russe priorise la stabilité politique et permet à Moscou de déployer son influence, surtout économique, dans des zones de projection sélectionnées : étranger proche d’abord, mais également Moyen-Orient, Méditerranée et Asie. Consciente qu’elle n’est plus en mesure de rivaliser avec les Etats-Unis ou même avec la Chine, la Russie recherche des relais régionaux, la création d’unions économiques ou d’alliances. « Nous constatons que les structures internationales ont été créées à une autre époque, pour un autre monde. Les temps ont changé. »(36)
Moscou, dans la continuité de la logique d’intégration russe, cherche à associer ses affidés sous l’égide d’une organisation commune. Mais une difficulté subsiste : l’Ukraine (dont l’origine du mot signifie « frontière ») qui fait face à des divisions internes anciennes. Il existe deux Ukraine : l’une étant pro-russe (traditionnellement orthodoxe) et l’autre étant pro-européenne (traditionnellement catholique). Ce pays n’est finalement pas tant une frontière qu’un limes.

Conclusion

Ainsi, on ne peut penser la sécurité soviéto-russe sans prendre en compte le facteur géographique, l’environnement de la Russie, qui de surcroit, a fait l’objet de nombreuses analyses géopolitiques. La Russie se pense comme une charnière diplomatique au cœur du Heartland. De tout temps, la Russie a dû penser son limes, veiller sur ses gigantesques frontières, ce qui explique sa méfiance chronique envers ses voisins. En définitive, si l’idéologie communiste a fortement impacté la politique (intérieure et extérieure) russe au cours du XXème siècle, il s’avère que l’évolution de la perception soviéto-russe de sa sécurité s’est faite en réalité au gré d’évènements extérieurs et de son environnement. L’exemple le plus criant étant celui du Pacte de Varsovie qui fut une réponse directe à la création de l’OTAN, de même que le Comecon qui fut une réponse au Plan Marshall. Néanmoins, on retrouve tout de même une certaine continuité dans le projet géopolitique russe. Profondément fédéral et national, il s’inscrit dans un logique d’expansion. Bien qu’aujourd’hui la priorité de la Fédération de Russie soit le maintien de ses limites actuelles. Ceci explique pourquoi elle défend sa souveraineté d’une manière si exacerbée, ce qui la mène à conduire une politique d’indépendance et de défense de ses intérêts en tout temps et en tous lieux. En outre, la position géographique de la Russie justifie son activisme diplomatique récent. Elle développe ses relations de manière bilatérale avec l’« étranger proche » mais aussi à l’échelle locale (par le maillage d’organisations régionales) et mondiale (à travers les institutions internationales). Après la chute de l’URSS qui mit fin à l’expansion, Moscou relance donc la tendance.
Alors que Donald Trump, le nouveau Président des Etats-Unis, semble vouloir convertir son pays au jeu d’échec en engageant des rapports de force économique bilatéraux (avec le Mexique, le Canada, et l’Australie entre autres), le Kremlin quant à lui, va à contre-courant en s’essayant au poker. Il adopte une politique réaliste et pragmatique qui consiste à évaluer l’équilibre des forces pour ne jamais manquer une occasion de gain rapide. De même, alors qu’un rapprochement entre D. Trump et V. Poutine était envisagé il y a quelques semaines, le dossier brûlant syrien plonge dans le flou toutes prévisions de ce qu’il adviendra des relations américano-russes.

(1) Elu Président de la Fédération de Russie entre 2000 et 2008, avec un poste par intérim du 01/01/2000 au 07/05/2000, Président du gouvernement russe entre 2008 et 2012, et Président de la Fédération de Russie depuis sa réélection le 7 mai 2012
(2) Principauté médiévale slave orientale qui devient au XIème siècle le plus grand Etat d’Europe. Peu à peu elle se désagrège en une multitude de principautés avant de chuter lors des invasions mongoles.
(3) Selon le CIA World Factbook mis à jour le 12/01/2017 : www.cia.gov
(4) Yves Lacoste, La géographie ça sert, d’abord, à faire la guerre, La Découverte, 2014
(5) Citation que l’on attribue à Napoléon.
(6) Voir annexe 1
(7) Voir annexe 2
(8) « Who rules East Europe commands the Heartland ; who rules the Heartland commands the World-Island ; who rules the World-Island controls the world. »
(9) Déclaration de V. Poutine à propos de la Crimée dans une interview au quotidien allemand Bild (01/2016)
(10) Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française et historienne spécialiste de la Russie.(11) « Geopolitika evrazijstva », Katheon, 20 novembre 2003 (http://katehon.narod.ru/geopolint.html)
(12) Voir annexe 3
(13) Voir annexe 4
(14) Première Guerre de Tchétchénie de 1994 à 1996 ; Seconde Guerre de Tchétchénie de 1999 à 2009
(15) Entre le 3 avril 1948 et le 31 décembre 1951, 12 milliards de dollars sont injectés par les États-Unis dans les pays acceptant cette aide. Elle se compose pour 5/6 de dons et pour 1/6 de prêts. Le 16 avril 1948, l’OECE est créée pour répartir cette aide.
(16) Pays membres : URSS, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et la Tchécoslovaquie. L’Albanie en a fait partie de février 1949 à 1961 et la RDA de 1950 à 1990. La Mongolie devient membre en 1962, Cuba en 1972 et le Vietnam en 1978. La Yougoslavie, quant à elle, ne fut qu’associée, à partir de 1964.
(17) http://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_17120.htm
(18) Voir annexe 5
(19) Vaste opération menée par le IIIème Reich contre l’URSS dans la nuit du 21 au 22 juin 1941. En décembre 1941, la Wehrmacht est stoppée… à 30km de Moscou. Les russes accusent un lourd bilan : environ 1,5 million de soldats tués et 2 millions de prisonniers meurent (rien n’étant prévu pour les nourrir).
(20) Initiée par le projet d’Initiative de Défense Stratégique, ou projet "guerre des étoiles", qui fait planer le doute sur l’existence d’un réseau de satellites pouvant abattre des missiles nucléaires en plein vol.
(21) Traité de Washington signé le 8 décembre 1987.
(22) Fédération de syndicats polonais fondé en août 1980 et porté par Lech Walesa.
(23) Le 12 juin 1990, la « Journée de la Russie, est aujourd’hui célébré comme la fête nationale de la Russie.
(24) Mikhaïl Gorbatchev est Président de l'URSS en 1990 alors qu’en juin, Boris Eltsine est fraîchement élu Président du Parlement de la République de Russie. Un an après, ce dernier sera élu Président de la République de Russie.
(25) Discours prononcé lors de son l’adresse annuelle à la nation le 25 avril 2005.
(26) Poutine va même jusqu’à les accuser publiquement : "Les oligarques, possédant une concentration illimitée de moyens d'information, les ont utilisés dans leurs propres intérêts corporatifs".
(27) Voir Annexe 6
(28) Selon le CIA World Factbook mis à jour le 12/01/2017 : www.cia.gov
(29) Bien que ce ne soit pas lui-même qui l’ait écrit, nous ne connaissons pas à ce jour l’identité de son auteur.
(30) Un écrivain et aventurier américain reconnu par les penseurs géopolitiques pour avoir été un des précurseurs de la pensée eurasiatique.
(31) Perçue comme étant le berceau de la civilisation slave par les russes. La Crimée est synonyme de retour aux racines spirituelles de la religion orthodoxe pour de nombreux russes.
(32) Quoique régulé et réglementé par la Convention de Montreux de 1936 qui octroi le droit de contrôle des traversées des détroits de Dardanelles et du Bosphore.
(33) Ou CEE, voir annexe 7.
(34) Membres : Chine, Tadjikistan, Russie, Kirghizstan, Kazakhstan, et Ouzbékistan. Le siège est à Pékin.
(35) L’objectif est de favoriser les relations de tous ordres et la coopération entre les Etats membres afin d’assurer la paix, la confiance mutuelle et la stabilité régionale.
(36) S.E.M. Alexandre Orlov, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en France.

Annexes

Annexes 1 :


Position géographique de la Russie sur le globe terrestre

Annexe 2 :


La première conception de la théorie du « Heartland » de Mackinder : la zone pivot pensée en 1904

Annexe 3 :


La Russie : de nombreux litiges frontaliers

Annexe 4 :


L’enchevêtrement des peuples et des religions dans la région du Caucase

Annexe 5 :


L’évolution de l’élargissement de l’OTAN en Europe : une fragilisation du glacis russe

Annexe 6 :

Gaz russe et dépendance européenne

Annexe 7 :

Un réseau d’organisations économiques d’influence

Bibliographie

Ouvrages :

Gauchon Pascal et Huissoud Jean-Marc, Les 100 lieux de la géopolitique, Puf, 2015
Tertrais Bruno et Papin Delphine, L’Atlas des frontières, Les Arènes, 2016
Mitrofanova Anastasia, « La géopolitique dans la Russie contemporaine », Hérodote, n°146-147, 3e-4e trimestre 2012, pp. 183-192
Mandraud Isabelle, « Vladimir Poutine, le nouveau Tsar », Le Monde Hors-Série, octobre 2016, pp. 162-163
Dagorn René-Eric, « Russie : Un roman impérial toujours sans épilogue », Le Monde Hors-Série, octobre 2016, pp.116-167
COLOSIMO Jean-François, "La Russie et l'ordre du monde", Conflits, n°11, Octobre-Novembre-Decembre 2016, pp. 12-15
"Tableau de bord : La Russie, une économie de rente ?", Diplomatie, n°5, Octobre-Novembre 2011, pp. 34-35
"Tableau de bord : Géopolitique de la Russie", Diplomatie, n°5, Octobre-Novembre 2011, pp. 48-49
ALLAIN Aurélie, "OTAN-RUSSIE : l'impossible entente ?", Diplomatie, n°21, Juin-Juillet 2014, pp. 74-75
LACOSTE Yves, Atlas Géopolitique, Larousse, 2013

Sites Internet :

http://www.cairn.info/revue-le-courrier-des-pays-de-l-est-2004-6-page-52.htm
http://www.nato.int/docu/revue/1991/9102-03.htm
http://www.universalis.fr/encyclopedie/pacte-de-varsovie/
http://www.tv5monde.com/apocalypse/L-operation-Barbarossa-Hitler
http://www.atlantico.fr/decryptage/dans-tete-vladimir-poutine-pour-comprendre-vision-geopolitique-russe-monde-pierre-lorrain-nicolas-mazzucchi-990861.html#UouYIxDYI09FeGO3.99
http://www.diploweb.com/Russie-et-Etranger-proche-retour.html
http://www.gazpromexport.ru/en/statistics/
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/20/russie-de-staline-a-poutine_3433456_3232.html
http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=PE_HS01_0005
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-28889039.html
https://fr.rbth.com/articles/2012/01/18/les_reformes_de_gorbatchev_une_veritable_avancee_14105
http://histoire-russie.fr/histoire/chronologies/1991_1999.html
http://www.iris-france.org/44395-dans-la-tte-de-vladimir-poutine-pour-comprendre-la-vision-gopolitique-russe-du-monde/

Table de Matières

Sommaire
Lexique
Introduction
I. Un Etats-continent et transcontinental
I.1. « La géographie ça sert, d’abord, à faire la guerre »
I.1.1. « La politique d’un Etat est dans sa géographie »
I.1.2. « L’île monde » conceptualisée par Mackinder
I.2. Les stratégies soviéto-russe pour assurer sa sécurité
I.2.1. Entre Comecon et Pacte de Varsovie : mise en place du glacis défensif
I.2.2. Des frontières surveillées de près (conception réaliste des rapports internationaux ?)
II. La continuité du projet géopolitique russe
II.1. Un Etat qui existe pour l’expansion
II.1.1. La quête d’une grandeur passée
II.1.2. « L’Etranger proche », une forme de respiration impériale
II.2. Une sécurité qui passe par une affirmation sur la scène internationale
II.2.1. L’accès aux mers chaudes : une priorité
II.2.2. Du jeu d’échec au Poker
Conclusion
Annexes
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Annexe 6
Annxe 7
Bibliographie

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