Porte vers quelque part
Velma Trent, onze ans, commença à s'essayer à la peinture miniature, et son cousin germain Vertran Stepforth, neuf ans, aimait souvent réaliser des mini-documentaires relatant leurs conversations sur sa façon de travailler. Pour Velma, qui lisait avidement au lycée et dont les amis Eleanor (11 ans), Andrew (10 ans) et Glendella Ludlow (10 ans) faisaient de même, même une photographie miniature pouvait être une source d'inspiration profonde.
« Eh bien, parle-nous-en un peu plus », dit Vertran à sa cousine à propos des portes et des passages dont elle réalisait une série de peintures.
« Ces œuvres parlent de l'avenir », dit-elle. « Chaque opportunité est une porte vers un avenir lointain, mais nous ne saurons ce que l'avenir nous réserve que lorsque nous franchirons cette porte et ouvrirons le présent.»
« Présent, comme maintenant, et présent, comme cadeau aussi – j'aime ça », dit Vertran.
« Eh bien, c'est comme le dit Big Mama Velma [Stepforth] : personne n'est obligé de vivre pour atteindre un âge quelconque, et il y a des petits cercueils comme des grands, donc la vie est un cadeau, et nous devons être reconnaissants et aussi audacieux. »
Velma en désigna un.
« Celui-ci est un vrai lieu ; c'est l'entrée arrière de la roseraie de San Francisco, dans le Golden Gate Park, mais on ne le dirait jamais en le regardant. »
« Ce truc a l'air à la fois triste et un peu effrayant », dit Vertran. « Je veux dire, San Francisco est une ville riche comme New York ; on se dit qu'ils pourraient avoir une meilleure clôture.»
« Oui, mais la photo contient quelques indices, et je les ai aussi mis dans le tableau », dit-elle.
« OK… oh, attendez, il y a des vignes là-bas, et est-ce que ce sont des roses qui dépassent de la clôture ? C'est vrai », dit Vertran, « mais je vous garantis que si je me promenais sans le savoir, je n'aurais jamais pris la peine de chercher. »